Celtes et Ligures en Provence – 700 – 1 av. J.-C.


Culture Celte des Oppida © Verlinden

 

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Celtes et Ligures en Provence


 

  • La période des Celtes et des Ligures va de la fin de l’Age du Bronze (8e s. av. J.-C.) à la fin de l’Age du Fer (2e s. av. J.-.C.) et à l’occupation romaine (1er s. av. J.-C.).
  • Les peuples Celtes et Ligures et d’autres communautés ne sont pas présentés comme des entités immuables mais dans leur dynamique et leurs interactions internes et externes à la Provence.
  • Le sous-titre de l’article pourrait être Celtique et Ligurie provençales, intégrées à la Celtique Méditerranéenne.
  • Avant les Ligures, les Celtes, le Grecs et les Romains, la Provence aurait été visitée par des Etrusques, des Rhodiens et des Phéniciens sans que ces faits ne soient parfaitement documentés.

 

8 siècles de Présence celte et ligure en Provence


 

  • Le début du 1er Age du Fer marque des ruptures fortes avec l’Age du Bronze qui se termine en Provence, on parle de Bronze Final (900-725 av. J.-C.).
  • – 900. La Métallurgie du Fer commence à se répandre sur la Provence.
  • Les sociétés pratiquent une économie primitive qualifiée  de mode de production domestique.
    1. Chaque groupe vise à exclure toute relation de dépendance, économique et politique, par rapport aux groupes voisins.
    2. Pour autant, les groupes ne  pratiquent pas la formation de surplus (peu d’éléments de stockage (grandes jarres, silos).
    3. On note toutefois l’existence d’échanges avec des voisins : ambre, étain, lignite…
    4. Le mode de vie peut être qualifié de semi-sédentaire.
    5. Sites de hauteur ex. Saint-Blaise entre Martigues et Istres et le Baou-Roux à Bouc-Bel-Air.
  • On peut identifier 6 grands ensembles dans la Celtique Méditerranéenne du Midi de la France et le secteur Ligure proche de l’Italie.
    1. Pyrénées Orientales – Bassin de l’Aude – Bassin de l’Hérault – Languedoc Oriental – Provence Occidentale et Groupe Bas-Alpin.

 

Avant l’arrivée des Grecs/Phocéens à Marseille 750/725 – 600/575 av. J.-C.
  • Avant même l’arrivée des Phocéens, on assiste à la mise en place des éléments d’une période de ruptures et non plus d’évolutions.
    1. Ces tendances ne se lisent pas dans les mêmes termes dans d’autres secteurs de la Celtique méditerranéenne, en Espagne, en Italie ou dans le Roussillon.
  • Déclin démographique et/ou essaimage.
    1. D’importants sites de hauteur sont abandonnés comme Saint-Blaise et le Baou-Roux à Bouc-Bel-Air.
  • On note, en revanche, les traces d’installation dans les Alpilles et la Montagnette avec des grottes et des hameaux.
    1. A Fontvieille, vestiges d’habitat du 7e s. av. J.-C. et premières années du 6e s. av. J.-C. sur les flancs escarpés du Mont Valence.
  • La première rupture vient de l’utilisation du fer.
    1. « Industrie » moins dépendante de centres d’extraction éloignés.
    2. Révolution technique avec l’introduction du fer en agriculture.
  • La seconde rupture vient des premiers contacts avec les « commerçants » méditerranéens (Carthaginois, Rhodiens, Etrusques et surtout Phocéens implantés à Marseille).
  • Les conséquences des ruptures sont nombreuses et à effets multiplicatifs.
    1. Création d’un nouveau Saint-Blaise, sur les hauteurs de l’Etang  de Berre, entre Martigues et Istres, sur la commune actuelle de Saint-Mitre-les-Remparts.
    2. Importance du secteur d’Allauch d’où pourrait bien être issus les Ségobriges qui traitent avec les Phocéens.
  • Aire Ligure aux 8e s et 7e s. av. J.-C.
    1. Les Alpes-Maritimes se rattachent à l’aire Ligure.
    2. La période se caractérise par l’absence d’habitat urbain.
      1. Gênes apparaîtra au 5e s. et semble avoir été un comptoir étrusque.
      2. La bande côtière de Cannes à Pise ressemble à la vallée du Rhône.
        1. Petits Oppida en bordure des vallées à des fins essentiellement défensives.

 

 

 

Les Phocéens de Marseille  et l’industrie du fer bouleversent la Provence et au-delà
  • – 600. Les Grecs venus de Phocée en Asie Mineure (Turquie actuelle) fondent Massalia.
  • Les Marseillais ne cherchent pas à conquérir un territoire, ils veulent développer leurs activités commerciales.
    1. Massalia établit des comptoirs entre l’Italie et l’Espagne afin de faire vivre la route essentiellement maritime.
      1. Vers l’Est : Citharista – La Ciotat, Portus Armines – Bandol, Taurentum – St-CyrOlbia – Hyères, Pergantion – Brégançon, Kakkabarla – Cavalaire, Athenopolis – St-Tropez, Aegitna – Fréjus, Agatonia Portus – Agay, Antipolis – Antibes, Nikaia – Nice, Monoikos – Monaco.
      2. Vers l’Ouest. Theline – Arles
    2. Les commerçants de Marseille considèrent des échanges terrestres vers le nord de l’Europe par voie maritime.
      1. Le navigateur Marseillais Pythéas se rend vers l’Islande pour explorer une possible Route de l’Etain.
    3. En attendant les Marseillais passent par des intermédiaires Celtes pour la voie terrestre le long du Rhône.
    4. Les Marseillais éliminent les concurrents proches et tissent des liens d’échanges avec les autres.
  • Les Celtes développent des Oppida, place-forte en hauteur.
    1. 6e s. et 5e s. av. J.-C. On parle de « civilisation des oppida« .
      1. Les oppida constituent un phénomène d’urbanisation majeur.
        1. Perchement et amplification des aires bâties.
      2. Ces oppida ont fondamentalement un rôle défensif pour abriter les populations et leurs richesses.
      3. Années 540 – 530 av. J.-C. brusque développement de l’habitat d’Arles.
        1. A partir d’une structure existante se développe un site urbain majeur d’une superficie de 30 ha.
        2. Le statut de la cité change avec son nom Theline en passant sous le contrôle des Grecs de Marseille (530 – 375 av. J.-C.).
      4. Le secteur des Alpilles et de la Montagnette est marqué par plusieurs évolutions :
        1. Sédentarisation accrue et hiérarchisation des installations : fermes, petites agglomérations, vastes agglomérations.
      5. 6e s. av. J.-C. De puissantes oppida se développent :
        1. Allauch.
        2. Bouc-Bel-Air. Baou-Roux.
        3. Graveson Oppidum de La Roque.
        4. Istres : Oppidum du Castellan. 1ère moitié du 6e s.
        5. Marseille. Baou Saint-Marcel. Probablement le seul site du territoire de Marseille contemporain de la fondation phocéenne.
        6. Martigues.
          1. Tamaris. 1,5 ha en bordure de la Méditerranée, à l’est du cap Couronne. 40 km à l’ouest de Marseille.
          2. Oppidum Saint-Pierre.
          3. Ile de Martigues.
        7. Vaison. En contrebas du Rocher.
        8. Perchement de l’habitat dans le Var (Estérel, Maures et dépression pernienne) aux 6e s. et 5e s.
      6. 5e s. av. J.-C. Deux tendances.
        1. Synœcisme : réunion de plusieurs villages en une cité.
        2. Structuration interne des sites.
          1. Concentration par intégration de populations de sites délaissés.
          2. Urbanisme.
            1. Ilots formés de pièces aboutées, appuyés contre les remparts ou séparés par des ruelles…
          3. Pratiques architecturales.
            1. Constructions en pierres sèches, en pierres liées à la terre, en briques crues sur solins en pierre…
        3. Plusieurs explications :
          1. Dynamisme du commerce méditerranéen favorisant des sites majeurs.
          2. Déclin des sites à l’écart des zones d’échanges ou mauvaise exploitation des ressources par défaut d’utilisation du fer.
      7. Des établissements isolés ou fermes apparus aux 6e s. et 5e s. av. J.-C. tendent à se regrouper sur les oppida aux 4e s. et 3e s.
      8. La naissance de Massalia est suivie de changements majeurs.
        1. 575 – 450 av. J.-C. Transformation économique et sociale des populations.
        2. Le démarrage de l’économie massalière (550-530 av. J.-C.) s’accompagne de la volonté phocéenne de contrôler le littoral méditerranéen entre l’Espagne et l’Italie.
          1. Création de comptoirs / emporia.
          2. Sites de commerce maritime et de maintenance de navires.
        3. Massalia vise à développer son activité commerciale dans la vallée du Rhône ce qui entraîne l’explosion d’Arles.
          1. On assiste à un développement spectaculaire de l’habitat sédentaire le long du Rhône jusqu’à Lyon.
      9. 400. Les Celtes (Gaulois) pénètrent dans la plaine du Pô.
      10. 390. Défaite de l’armée romaine face aux Gaulois sur l’Allia (18 juillet).
        1. Conduits par leur chef Brennus, les Gaulois marchent sur Rome. Ils sont arrêtés après que les défenseurs aient été prévenus de leur arrivée par les oies du Capitole.
        2. Marseille participe au paiement de la rançon de Rome.
      11. 361 ou 367. Nouveau raid gaulois repoussé par Manlius Torquatus.
      12. 349Marcus Valerius Corvus repousse un nouveau raid gaulois.
      13. Synthèse des 6e s et 5e s. av. J.-C.
        1. Nous assistons à la première phase de la dynamique de développement de l’habitat groupé sédentaire.
        2. Cette rupture est directement liée au Fer et à l’arrivée des commerçants grecs.

 

4e s. et 3e s. av. J.-C. accélération de la concentration urbaine
  • Connue comme le « Deuxième Age du Fer« , la période confirme la puissance de Marseille.
    1. On assiste dans de nombreux secteurs de Provence à l’abandon de nombreux oppida et à l’affirmation de quelques sites majeurs liés à des réseaux.
    2. Parmi les nouveaux sites et les sites en développement :
      1. Marseille avec Notre-Dame-de-Pitié à Marignane, Teste-Nègre aux Pennes-Mirabeau, Verduron à 9 km de Massalia.
      2. Arles est en plein développement.
      3. Avignon semble prendre son essor.
      4. Bollène avec le site de Barry de plus de 40 ha.
      5. Le petit site de Buffe-Arnaud (Saint-Martin-de-Brômes), au confluent du Verdon et du Colostre.
  • Baisse de nombre d’établissements à vocation agricole qui semblent intégrés aux agglomérations.
    1. On constate une sorte d’exode rural au profit des sites majeurs.
  • Baisse du nombre de sites habités ce qui ne signifie absolument pas la baisse de l’essor urbain, au contraire.
    1. Le maillage urbain change avec l’abandon de sites et la meilleure gestion des espaces.
    2. Désormais, il est permis de parler pour la première fois de réseau urbain.
    3. Parmi les sites marginalisés :
      1. La Baou-Roux de Bouc-Bel-Air, le Baou de Saint-Marcel, la Courtine d’Ollioules, le Mont-Garou à Sanary, l’oppidum Saint-Laurent de Vaison
      2. Le secteur des Alpilles.
  • Développement de l’architecture en dur.
  • Hiérarchisation des structures sociales.
    1. Entre les villes et à l’intérieur des villes.
  • 279278. Les Celtes entrent en Grèce et pillent le sanctuaire de Delphes. Les Marseillais se mobilisent pour reconstruire Delphes.
  • 264241. 1ère Guerre Punique opposant Rome à Carthage en Sicile.
  • 259Lucius Cornelius Scipion attaque la Corse (prise d’Aleria) et la Sardaigne.
  • 229. Alliances de Rome avec les Gaulois Cenomans et avec les Vénètes.
  • 225. Soulèvement des Gaulois d’Italie (Boïens, Insubres, Taurini, Lingons) alliés aux Génastes de la vallée du Rhône qui provoque une panique à Rome.
  • 2182012ème Guerre Punique.
  • 218Hannibal mobilise des contingents gaulois et franchit les Alpes (octobre).
    1. Les Celtes reprennent leurs offensives et constituent l’essentiel des troupes d’Hannibal qui sèment la terreur dans toute l’Italie.

 

Marseille demande à Rome d’éliminer la pression de ses voisins
  • La puissance acquise par les Oppida et certains de leurs emplacements sur les routes commerciales, aux portes de Marseille inquiètent les Marseillais.

 

 

  • Evolutions le la Provence Celtique au 2e s -1er s. av. J.-C.
    1. Période charnière avec le monde romain.
    2. Créations aux caractères traditionnels.
      1. Petits habitats de hauteur dans l’arrière-pays provençal.
    3. Créations de grande ampleur.
      1. Oppida marchés ou oppida-relais sur les grands axes de communication.
      2. Sites pourvus de parure monumentale de style tardo-hellénistique.
        1. Glanum, Arles...
    4. Les communautés humaines font le choix d’un mode de vie et d’un mode de gestion :
      1. Modèle traditionnel, ancestral.
      2. Adaptation au nouveau cadre politique et économique.
      3. Développer une cité conforme à des référents méditerranéens : valeurs, culture…
  • 181. Les Marseillais demandent assistance aux Romains contre les Décéates et les Oxybiens qui attaquent Nice et Antibes.
  • 154. Première incursion romaine au-delà des Alpes, contre les Ligures, près d’Antibes.
  • 125121. Vastes opérations militaires romaines en Gaule pour défendre Marseille face à ses voisins.
    1. Une garnison romaine est installée sur le site d’Aquae Sextiae (Aix).
  • 121120. Construction de la Via Domitia dans le Sud de la Gaule afin de relier l’Italie à l’Espagne.
  • 110 ?. Fondation de Narbonne dans la Gaule Transalpine.
  • 113102. Invasion des Cimbres et des Teutons. Ils sont stoppés par le général romain Marius.
  • 89Loi Pompeia donnant le droit de cité aux villes de la Gaule Transalpine.
  • 60. Les Gaules Cisalpine et Transalpine sont organisées en provinces consulaires pour faire face aux ambitions des Germains d’Arioviste.

 

Fusion dans la Provence Romaine
  • 2e s. et 1er s. Multiplication de fermes indigènes dont certaines connaîtront un développement avec la romanisation.

 

La Guerre des Gaules
  • 59. 1er Consulat de César qui reçoit pour cinq ans, de manière exceptionnelle, le gouvernement de la Gaule Cisalpine, de la Gaule Transalpine et de l’Illyricum.
  • 5851Guerres des Gaules de César.
  • 52. Avril. Milon condamné à mort pour le meurtre de Clodius, s’enfuit à Marseille.
  • 51. La Gaule Chevelue est proclamée province romaine.
  • 50. Prise d’Auxelldunum ??. La Gaule est entièrement pacifiée.
  • 49Siège et capitulation de Marseille.
  • 40. La Gaule est attribuée à Octave.
  • 2725Octave, devenu Auguste, conduit des expéditions en Gaule, puis en EspagneAssemblée de Narbonne et organisation du cens.
  • 22. La Narbonnaise province sénatoriale.
  • 1613. 3ème séjour d’Auguste en Gaule. Il divise la Gaule chevelue en trois provinces et fonde des colonies de la Narbonnaise.
  • 15. Drusus et Tibère conduisent victorieusement des campagnes contre les peuples alpins.
  • 14. Soumission des Ligures.
  • 14. Province des Alpes Maritimes.
  • 10. Province des Alpes Cottiennes.

 

Qui sont les Celtes et les Ligures ?


 

Les Ligures : Peuple ? Race ? Civilisation ? Etat Politique ?
  •  900 av. J.-C. – 1er s. av. J.-C. . Entre l’Age du Fer et l’arrivée des Romains, les Ligures sont présents en Provence.
    1. 6e s. av. J.-C. Héraclée de Milet est le premier à les citer.
    2. Certains en ont fait le plus ancien peuple de l’Italie.
    3. Leur importance ou leur évocation est déclinante sur la période au profit des Celtes.
    4. L’expression Celto-Ligure s’impose alors pour marquer le mixage des 2 peuples…
    5. En fait, il semble que les Ligures aient surtout représenté une civilisation de l’Age du Fer très présents dans le Nord de l’Italie et en Provence.
      1. Plusieurs fois dans l’histoire, les Ligures sont allés jusqu’en Espagne jusqu’en Andalousie.
    6. En Provence, la poussée des Celtes, contraint les Ligures à être concentrés sur la partie Est de la Provence (Alpes-Maritimes élargies).
    7. L’arrivée des Romains et surtout les victoires finales d’Auguste marquent la fin de cette civilisation en Provence.
    8. Les Ligures sont alliés des Carthaginois lors de la deuxième Guerre Punique ce qui en fait des adversaires des Marseillais et des Romains.
    9. Les Ligures sont liés aux oppida mais il est possible de faire une distinction entre oppida Ligures et Oppida Celtes.
      1. Les oppida ligures sont avant tout défensifs, ils servent à protéger les populations, les biens, les récoltes, les troupeaux.
      2. Les oppida Ligures ont une fonction de guet.
      3. Ces oppida appelés castellas ou castellaras n’étaient pas des lieux d’habitation.
      4. Les oppidas Celtes sont des lieux d’habitation avec un habitat permanent et des fonction politiques et commerciales.
    10. La Ligurie désigne de nos jours une Région italienne ouverte sur la Méditerranée entre La Côte d’Azur et la Toscane avec successivement Imperia, Savone, Gênes (capitale), La Spezia.
  • Peuple réputé indépendant, les Ligures combinent les qualités des marins et des montagnards.

 

Livres liés à Celtes et Ligures en Provence


 

2014. La Celtique Méditerranéenne. Editions Errance. Dominique Garcia.

Livre de référence. Fait suite à une première publication en 2004.

 

1966. Provence Antique. 1/ Des origines à la conquête romaine. Editions Robert Laffont. Jean-Paul Clébert.

Un livre ancien très attachant par son auteur et par son approche passionnée.

 

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