Océanographie : Histoire et Organisation


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Océanographie : Histoire et Organisation


 

Portail de l’Océanographie © MichelRammann – Pixabay.com

 

Définition de l’Océanographie


 

  • Océanographie ( du grec Ὠκεανός, « Océan », dieu de la mer et γράφειν / gráphein « écrire ».
    1. Discipline scientifique faisant partie des Sciences de la Terre.
    2. Consacrée aux études des mers et des océans.
    3. L’océanographie est holistique dans la mesure où l’océan influe le climat et qu’il est en retour influencé par les écosystèmes terrestres, et qu’il mémorise via ses sédiments les apports non seulement terrigènes, mais aussi spatiaux. 
  • Champs de l’océanographie.
    1. Courants océaniques.
    2. Grands cycles biogéochimiques.
    3. Liens entre les Océans.
    4. Modifications climatiques.
    5. Organismes et écosystèmes marins.
    6. Tectonique des plaques…
  • En France, on fait la distinction entre océanologie et océanographie.
    1. L’Océanologie s’applique à l’exploitation des ressources océaniques et à la protection des environnements marins.
  • L’importance prise par l’Environnement dans le Monde au 21e siècle s’applique particulièrement à l’Océanologie et à l’Océanographie.

 

  • D’autres facteurs majeurs se sont développés ces dernières années autour de l’intérêt stratégique et militaire des océans.
    1. Les câbles sous-marins.
    2. L’importance de sous-sol marin en termes de ressources énergétiques et de métaux rares.

 

Histoire de l’Océanographie


 

Les connaissances avant le développement de la science moderne

  • Pline l’Ancien (2379) écrit que selon son contemporain Papirius Fabianus  « la plus grande profondeur de la mer est de quinze stades (2 760 m). D’autres assurent que dans le Pont-Euxin, en face de la nation des Coraxiens, dans un lieu appelé les Abîmes du Pont, à trois cents stades (55,2 km) environ du continent, la mer a une profondeur sans bornes, et qu’on n’y a jamais trouvé le fond »

 

  • 14e s. L‘Europe occidentale entreprend des explorations lointaines.
  • 16e s. Les Humanistes emploient le néologisme océanographie. Les données sont alors très dispersées dans l’Espace et dans le Temps.

 

  • 18e s.-19e s. Les progrès s’accélèrent avec les explorations de Cook, de Bougainville notamment.
  • James Renell ( – ), est un géographe et historien britannique considéré comme un pionnier de l’océanographie.
    1. Textes scientifiques sur les courants des océans Atlantique et Indien.
  • 1840. Sir James Clark Ross effectue les premiers sondages modernes des mers profondes.
  • Charles Darwin publie un article sur les récifs et la formation des atolls.
  • 1849. Découverte de la pente abrupte au-delà du plateau continental.
  • 1854. Une conférence internationale tenue à Bruxelles propose un protocole mondial de mesure des données océaniques par les navires marchands.
    1. Première source de séries cohérentes de mesures des températures moyennes de surface de la mer.
  • 1855. Matthew Fontaine Maury publie le premier texte considéré comme « vraiment océanographique ».
  • 1858. Août. Pose du premier câble télégraphique transatlantique, grâce aux travaux du lieutenant Maury qui confirme la présence d’une dorsale sous-marine au milieu de l’océan.

 

L’Océanographie, science moderne

L’océanographie est une science carrefour au même titre que sa devancière terrestre, la géographie.

  • 1871. 1er Congrès.
  • 18721876. L’expédition Challenger concrétise la naissance de cette science et la popularise auprès d’un large public incluant de nombreux amateurs.
    1. L’Écossais Charles Wyville Thomson et le Canadien John Murray lancent l’expédition du Challenger ce qui incite d’autres nations européennes et américaines à envoyer des missions scientifiques, aussi bien des particuliers que des institutions.
  • Monaco et la France s’illustrent par l’action énergique et le mécénat du Prince savant Albert I de Monaco.
    1. Le Prince, sur ses propres deniers, et le financement de l‘Institut d’Océanographie de Paris, décide d’organiser de nombreuses campagnes d’explorations maritimes.
    2. Le Prince choisit un universitaire sédimentologue de Nancy, Julien Vivien Toulet, pour réaliser de minutieuses cartographies bathymétriques.
    3. Toulet devient ainsi le père de l’océanographie française qui émerge encore timidement.
  • 1881. Le mot Océanographe, désignant les chercheurs de cette science, apparaît en France.

 

L’Allemagne est particulièrement à la pointe

  • 1880. L’Océanographie géographique est enseignée en Allemagne.
  • Ferdinand von Richthofen (18331905) géologue devenu géographe directeur de l’Institut de Géographie à Berlin de 1902 jusqu’à sa mort, est un océanographe universitaire renommé.
  • 1899. Le Congrès de Berlin crée le Conseil International de l’Exploitation de la Mer (CIEM). Une carte bathymétrique des océans est définie.
  • 19011903. Le milieu océanographe berlinois est à l’origine de l’expédition du navire Gauss.
    1. Le Gauss traverse l’Océan Indien pour rejoindre l’Afrique du Sud et passer un premier hivernage dans la banquise antarctique.
    2. La considérable moisson de l’expédition transforme son patron scientifique, de simple professeur de mathématiques et de physique en chercheur glaciologue, professeur de géographie et de géophysique à l’université de Munich, où il exerce de 1906 à 1935.

 

Jean Charcot © https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Leith_Docks_-_geograph.org.uk_-_1129121.jpg

 

Les années de l’après-guerre mondiale

  • 1958. Après l’accession de Charles de Gaulle au pouvoir, le gouvernement de Michel Debré entreprend une action concertée « Exploitation des Océans » au sein de la Délégation à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST).
    1. Le COMEXO, Comité pour l’Exploitation des Océans, correspondant à cette action concertée. Le comité est présidé par le Professeur Louis Fage de 1960 à 1962, puis par le Professeur Maurice Fontaine. Sa politique est essentiellement orientée vers l’acquisition de connaissances, la construction de moyens de travail importants à la mer.
      1. Le COMEXO fait financer la construction de plusieurs équipements majeurs :
        1.  Jean Charcot, 1er navire océanographique pluridisciplinaire français.
        2. Coriolis, petit navire de recherche pour l’ORSTOM.
        3. Pelagia, petit navire pour l’ISTM.
        4. Une bouée laboratoire pour le Museum d’Histoire Naturelle.
        5. Etudes préliminaires d’une soucoupe destinée à plonger à 5 000 m.
      2. Le COMEXO marque la naissance de la grande océanographie française. Le comité fonctionne en commissions :
        1. Commission Océanographie biologique présidée par Jean-Marie Pérès,
        2. Commission Océanographie physique et physico-chimique présidée par le professeur Lacombe,
        3. Commission Pêche sous la présidence de Jean Furnestin, Directeur de l’ISTPM,
        4. Commission Technologie sous la présidence du Commandant Cousteau.
  • 1961.  Les Nations-Unies votent la création d’une Commission intergouvernementale océanographique sous l’égide de l’UNESCO.
    1. Les outils de travail collaboratifs facilitent une approche globale et holistique.
    2. Des actions fédératrices sont mises en place.
      1. Atlas mondial des océans.
      2. Projet global d’analyse des données océanographiques (Global Ocean Data Analysis Project).
      3. Mise en place d’un réseau d’aires marines protégées.
  • 1961. Création de la COMEX, pionnière dans le domaine de la physiologie de la plongée.
    1. De nombreux engins et sous-marins d’observation et d’intervention sont créés.
  • 1964. L’Institut Français du Pétrole (IFP) s’intéresse à la prospection des ressources en hydrocarbures.
    1. Des navires sont acquis et transformés pour le sondage sismique, les forages sous-marins et les systèmes d’ancrage dynamique.
    2. Plus tard, la Compagnie Générale de Géophysique (CGG) est chargée de créer une importante flotte de bâtiments de prospection géophysique.
  • 1966. Ouverture  du Bureau d’Etudes Océanographiques (BEO), à Toulon (83).
    1. Le Bureau répond à la demande des sous-marins de la force de dissuasion qui  ont besoin de données existantes (bathymétrie, marées, courants…) et d’informations nouvelles (hydrologie, sédimentologie, magnétisme, champ de gravité terrestre).
  • 1967. Le COMEXO est remplacé par le CNEXO (Centre National pour l’Exploitation des Océans).
    1. Le Centre conduit désormais directement tous les programmes océanographiques français.
    2. Par ailleurs, le Centre exerce sa tutelle sur toutes les activités scientifiques concernant l’Océan.
    3. Le Centre est rattaché directement au Premier Ministre.
    4. Une filiale GENAVIR est en charge de la gestion de la flotte.
  • 1971. Création du Service Hydrographique et Océanique de la Marine (SHOM).
  • 1973. Création de la société Intersub à Marseille par Jean-François Durand, décédé accidentellement en 1978.
    1.  1980. L’entreprise dépose son bilan.
  • 1980. La création du CNEXO n’avait pas altéré l’indépendance des laboratoires universitaires, ceci d’autant plus que leurs navires avaient moins de 25 m de longueur.
    1. Désormais le CNRS fait construire des navires spécifiquement conçus pour la recherche.

 

IFREMER © Navire Thallassa – Chrispit 1955 / Nautile Airsafe.com Foundation Flickr.com

 

Océanographie contempraine

  • Années 1980. Apports considérables des techniques d’observation par satellites.
    1. Capacité d’observation globale.
    2. Mesures permanentes et instantanées.
      1. Mesure de la topographie des mers (hydrographie).
      2. L’altimétrie satellitale permet de mesurer le relief des océans.
      3. 1992. Août. Le lancement par la fusée Ariane du satellite franco-américain TOPEX/Poseidon marque un temps fort.
      4. Jason-1 remplace TOPEX/Poseidon et doit constituer une véritable filière spatiale. de suivi océanique.
  • Mesures in situ par des instruments placés sur des bouées et des bateaux…
    1. Evolution des vagues, de la température de surface, d’indicateurs biologiques…
  • Océanie physique. Etude théorique des processus physiques mis en jeu.
    1. Un jeu d’équations plus ou moins simplifiées représente les écoulements géophysiques rencontrés dans l’océan.
    2. Ces équations, dites équations de Navier-Stokes, souvent très complexes, ne peuvent pas toujours être résolues analytiquement par les méthodes mathématiques classiques, d’où le recours massif à l’utilisation de codes numériques nécessitant une grande puissance de calcul permise par l’apparition de super-calculateurs.
    3.  Des modèles représentant l’océan mondial sont développés avec pour but une compréhension globale de la circulation océanique.

 

Branches de l’Océanographie


 

On distingue quatre grandes branches de l’océanographie :

  • Biologie marine ou Ecologie marine. Etudes de la faune et la flore des océans ainsi que leurs interactions écologiques.
    1. L’Ichtyologie en est la branche qui étudie les poissons.
  • Océanographie chimique. Etudes de la la chimie des océans.
  • Géologie marine. Etudes de la géologie du fond des océans qui comprend la tectonique des plaques.
  • Océanographie physique. Etudes des caractéristiques physiques de l’océan :  structure thermohaline, Courants marins, marées, vagues,

 

2 disciplines doivent être ajoutées

  • La Météorologie maritime.
  • L’Ingéniérie maritime.

 

Océanographes célèbres


 

 

 

  •  Albert 1er. Prince de Monaco.
  • Alvariño González (María de los Ángeles). 19162005. Précurseur des recherches sur le zooplancton.
  • Arrhenius (Gustaf Olof Svante). 19222019.
  • Bartz (Fritz). 19081970.
    1. Professeur à Bonn et surtout à Fribourg.
    2. Grand spécialiste des pêches, tout à la fois géographe, biologiste et ethnologue.
    3. Auteur du monumental ouvrage Die Grosse Fischereiraume der Welt publié de 1964 à 1974.
  • Beautemps-Beaupré (Charles-François). 17661854.
  • Conti (Anita). 18991997.
  • Cousteau (Jacques-Yves). 19101997.
  • de Folin (Léopold). 18171896.
  • Delauze (Henri-Germain). 19292012.
  • Dietrich (Gunther). 19111972. Professeur d’Océanographie à Kiel.
  • Gakhel.19011965. Découvreur de la dorsale de Lommonosov dans l’Océan Arctique.
  • Hasselmann (Klaus). 1931-, Spécialiste des vagues et du climat. Prix Nobel de physique 2021.
  • Laubier (Lucien). 19362008.
  • Le Provost (Christian). 19432004.
  • Lomnievski (Kasimiercz). 19071978. Hydrologue de l’Océan Atlantique et des mers enclavées, notamment de la Baltique et de la Méditerranée.
    1. Auteur d’un remarquable manuel d’océanographie physique.
  • Merz (Alfred). 18801925. Chef d’expédition du Meteor.
  • Muller (Charles-Robert). Auteur d’une Géographie des pêches en 1950.
  • Munk (Walter). 19172019.
  • Nansen (Fridtjof).18611930.
  • Pauly (Daniel). 1946-.
  • Pérès (Jean-Marie). 19151998.
  • Petermann (August). 18221878.
  • Revelle (Roger). 19091991.
  • Schott (Gerhardt). 18701961. Professeur d’Océanographie à Hambourg, promoteur d’une géographie régionale des océans
  • Sverdrup (Harald). 18881957.
  • Vallaux (Camille). 18701945.
  • Villepreux-Power (Jeanne). 17941871.
  • Von Drygalski (Erich). 18651949.
  • Von Richthoffen (Ferdinand) 18331905.
  • Walfrid Ekman (Vagn). 18741954.
  • Wüst (Georg). 18901977. Professeur d’Océanographie à Berlin.

 

L’Océanographie en France


 

 

IfremerCalypsoAlcyoneSoucoupes plongeantes.

  • 2009. Juin. Le Grenelle de la Mer propose la création d’un Conseil National de la Recherche Marine et Littoral dont le rattachement ministériel ni la composition n’ont été précisés, mais dont le pilotage serait de type Grenelle.

 

Niveau Européen

  • La Commission européenne s’est dotée d’une « Stratégie pour le milieu marin » traduite en une directive cadre (2008/56/CE) qui exige pour 2020 au plus tard de retrouver un bon état écologique.
    1. 2012. Publication d’un livre vert intitulé Marine Knowledge 2020 – From seabed mapping to ocean forecasting.

 

Livres sur l’Océanographie


 

2016. Histoire de l’Océanographie : de la surface aux abysses. Patrick Geistdoerffer. Nouveau Monde Editions.

 

2012. Dictionnaire de la mer et des côtes. Alain Miossec. Presses Universitaires de Rennes.

 

2003Un siècle de navires scientifiques françaisContre-Amiral Bernard Estival. Editions du Gerfaut.

 

2003. Océanographie générale. Patrick Geistdoerfer. Edition INFOMER.

 

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