Médecine et Hygiène dans l’Antiquité Romaine


Médecine et Hygiène à Rome © Gordon Johnson, 990609 Pixabay.com /  Verlinden 

 

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Médecine et Hygiène dans l’Antiquité Romaine


 

  • Le développement de la médecine est relativement tardif à Rome.
    1. Les Romains comptent davantage sur l’hygiène et sur des rites religieux.
  • 2e s. avant notre ère. L’arrivée des médecins grecs à Rome bousculent les pratiques médicales.

 

L’Hygiène, première médecine des Romains


 

Les Thermes symbolisent l’approche hygiénique de la Santé par les Romains © loseitlady – Pixabay.com.

 

L’hygiène est la première médecine des Romains
  • Très tôt, Rome développe des équipements d’hygiène :
    1. Accès à l’eau propre.
    2. Egouts.
    3. Latrines.
  • La santé du peuple s’appuie sur des pratiques  de soins et de préventions.
    1. Bains publics et Thermes.
    2. Massages.

 

Les rites religieux pour guérir les malades


 

L’île Tibérine est un véritable centre de cure © 850956

 

Asclépios dieu de la médecine est sollicité
  • Lorsque les bains et les massages atteignent leurs limites, les Romains se tournent vers le Dieu Esculape (Asclepios chez les Grecs).
    1. Dans le temple d’Asculape, les malades ont des demandes et des pratiques diverses.
      1. Les malades doivent se purifier en pratiquant le jeûne.
      2. Les malades doivent traverser le sanctuaire d’Esculape au milieu des serpents.
        1. Le symbole des serpents devient l’emblème du dieu.
        2. Notons que ce symbole des serpents est toujours présent dans les pharmacies modernes et les symboles liés à Esculape (serment…)..
      3. Le Dieu interviendrait ensuite dans les rêves des patients en leur donnant des conseils sur la conduite à tenir.
    2. Une fois guéri, le malade doit faire une offrande au dieu bienveillant :
      1. Statuette en cire ou en bois.
  • Près du temple des bains sont construits.
  • – 293. L’Asclépion est bâti sur une île du Tibre à la suite d’une épidémie de peste.
    1. Le domaine de l’Asclépion s’étend au point d’occuper la totalité de le l’île Tibérine.
    2. L’ensemble constitue alors un véritable centre de cure.

 

Les malades doivent traverser le temple d’Asclépios parmi les serpents (l’emblême d’Esculape) © bOred – Pixabay.com

 

Salus, déesse de la Santé
  • Fille d’Esculape, Salus est la déesse de la Santé des hommes comme des animaux.
  • Salus possède également des temples.
    1. La création du premier Temple de Salus, accompagné d’un clergé, pourrait dater du 4e s. Av. J.-C.

 

Etablissements publics de soins pour les vieux et les infirmes
  • 2e s. Les valetudinaria se développent.
  • Ces équipements publics sont considérés comme les ancêtres des hôpitaux publics.

 

Précurseurs Grecs, Médecins et Spécialistes Romains


 

Grand médecin grec connu pour le serment qui lui est porté © Gordon Johnson – Pixabay.com

 

Les Grecs précurseurs de la médecine moderne et les Romains traditionnels
  • 5e s. av. J.-C. Philosophes présocratiques : Alcméon de Crotone, Démocrite, Empédocle.
  • 460 av. J.-C.  Naissance présumée d’Hippocrate de Cos. – 375 ou 351 av. J.-C. Mort. Hippocrate de Cos.
    1. Les principes scientifiques  d’Hippocrate sont à l’origine du développement de la médecine grecque.
    2. 420370 av. J.-C. Rédaction des principaux traités du Corpus hippocratique.
  • 384-322 av. J.-C. . Aristote, professeur d’Alexandre le Grand, écrit des traités de biologie : Histoire des animaux, Parties des animaux, Génération des animaux qui exercent une forte influence sur la recherche médicale.
  • 330260 av. J.-C. Hérophile, médecin et anatomiste grec de l’Ecole d’Alexandrie publie des études sur le cerveau, le système nerveux, le pouls, les organes de la reproduction.
  • 330255. Erasistrate. Médecin et anatomiste grec de l‘Ecole d’Alexandrie publie des études sur le rôle central du cœur et des nerfs.
  • 234 149 av. J.-C. Caton l’Ancien. Auteur De L’Agriculture. Conception romaine traditionnelle de la santé avant l’arrivée des Grecs.

 

L’arrivée des médecins grecs à Rome
  • Les progrès sont rapides et s’enchaînent.
    1. Développement des régimes curatifs à base de plantes.
    2. Mise en place d’une chirurgie rudimentaire.
  • 219. Premier médecin grec connu à Rome Archagathos, selon Pline l’Ancien, Histoire Naturelle 29,12.
  • 120 av. J.-C – 40 av. J.-C. Asclépiade de Pruse ou de Bithynie. Médecin grec. Pose les fondements du méthodisme.
    1. 2e s. av. J.-C. Le médecin grec Asclépiade de Bithynie s’installe à Rome.
    2. Asclépiade fonde la première école privée afin d’enseigner son art à Rome.
    3. En préconisant une médecine fondée sur l’exercice physique et sur la diète, le médecin grec inscrit la médecine romaine dans le prolongement et non dans la rupture de la médecine grecque.
  • 1er s. av. J.-C. Antonius Musa. Frère d’Euphorbe. Médecin du roi Juba II. Elève d’Asclépiade et médecin d’Auguste.

 

« Chirurgie sur Enée ». Fresque romaine. Musée archéologique de Naples (Italie).  Ier siècle.

Image forte démontrant l’importance de la chirurgie en l’appliquant au père des Romains.

 

  • 1er s. Aulus Cornelius Celsus francisé en Celse Il aurait vécu au temps de l’empereur Auguste (de la fin du ier s av. J.-C.. au début du ier s.
    1. Auteur du 1er traité de médecine De Re Medica.
    2. Classement des maladies en 3 groupes : soignées par régime, par des médicaments, par la chirurgie.
  • 1-50. Scribonius Largus. L’un des médecins de l’empereur Claude. Auteur de Compositiones, un recueil de plus de 270 recettes.
  • 2379. Pline l’Ancien. Auteur de l’Histoire Naturelle en 37 livres.
  • 4090. Pedanius Dioscoride. Médecin, botaniste et pharmacologue.
    1. Ecrit De Materia Medica, un inventaire raisonné de plantes médicales et de minéraux.

 

Crinas_rue

Les médecins grecs de Marseille : Crinas, médecin de Néron. Mécène de Marseille © Verlinden

Marseille grecque se distingue par la qualité de ses médecins et de ses enseignements : Charmis. 1er s. Médecin – Crinas1er s. (médecin de Néron)…

 

  • 1er ou 2e s. Arétée de Cappadoce. Auteur Des Causes et des signes des maladies aigües et chroniques.
  • 100. Soranos d’Ephèse. Auteur des Maladies de femmes, 1er traité connu de gynécologie, obstétrique et pédiatrie.
  • 100. Rufus d’Ephèse. Auteur d’une œuvre considérable conservée de manière fragmentaire par Aetius, Oribase, Paul d’Egine
  • 129216. Claude Gallien dit Galien de Pergame. Second « Père de la Médecine ». Considéré comme le pilier de la médecine romaine.
    1. Médecin gréco-romain qui exerce à Rome.
    2. Gallien soigne l’empereur Marc-Aurèle.
    3. Gallien signe plus de 500 ouvrages qui feront autorité pendant un millénaire.
    4. Gallien est considéré comme le fondateur de la médecine et de la pharmacie « modernes ».
  • 3e s. Gargile Martial. Afrique du Nord. Auteur des Remèdes tirés des légumes et des fruits.
  • 325396. Oribase de Pergame. Médecin de l’empreur Julien l’Apostat. Auteur des Collections médicales, compilation de traités médicaux incluant ceux de Galien.
  • 4e s. – Début 5e s. Théodore Priscien auteur du traité sur les remèdes Les Euporistes.
  • 408415. Marcellus Empiricus. Bordeaux. Auteur Des médicaments, un recueil de 2500 recettes.
  • 5e s. Celius Aurélien. Numidie. Abrégé en latin De La Médecine avec la description de 85 maladies.
  • 502575. Aetius d’Amide. Compilation en 16 livres des traités de médecine byzantine.
  • 625690. Paul d’Egine. Epitomé, Abrégé de Médecine. Description en 7 volumes des techniques chirurgicales en cours à Byzance.

 

Etablissements de soins romains
  • Valetudinaria civils. Etablissements publics de soins, ancêtres des hôpitaux destinés aux infirme et aux personnes âgées.
  • Valetidinaria militaires. Véritables centres de soins remarquables pour leur efficacité et dans lesquels de grands médecins ont acquis leur réputation.
    1. Ces hôpitaux de camp peuvent être mobiles, ils suivent les légions, ou fixes, dans les grands camps de base ou d’hivernage des légions.
    2. Leur emplacement est clairement fixé sur les plans types des camps des légions.
      1. Partie nord-est du camp.
      2. Superficie type de 70 m X 110 m. 1 seul étage.
      3. Cour intérieure bordée  d’un péristyle et flanquée d’une double rangée de petites chambres
      4. Salles de soins et d’opérations.
      5. Chambres de repos.
      6. Latrines et thermes.
      7. A proximité des grands thermes dans les camps fixes.
      8. Accueil de 200 soldats malades ou convalescents, davantage en cas de crise.
      9. 1 médecin pour 500 hommes dans la Légion qui pouvait varier dans le temps et suivant les circonstances.
      10. Des aides, des spécialistes de l’administration  et de l’approvisionnement.
      11. Le praefectus castrorum est responsable des médecins, malades et des dépenses de soins.
      12. L’optio valetudinarii est en charge du bon fonctionnement.
  • Cabinet privés de médecins.

 

Personnel médical du monde romain
  • Les médecins.
    1. Medicus/iatros.
    2. Medicus legionis.
    3. Medicus cohortis.
    4. Medicus vexillationis.
    5. Medicus castrensis/castrorum.
    6. Medicus chirurgus.
    7. Medicus clinicus.
    8. Medicus veterinarius.
    9. Medicus ocularius.
    10. Miles medicus.
    11. Medicus ordinarius.
    12. Medicus duplicarius.
    13. Medicus manipularis.
    14. Dentistes.
    15. Ophtalmologistes.
    16. Médecins militaires.
      1. 81 av. J.-C. Sylla fait voter la loi Cornelia de sicarris et venericciis qui implique la responsabilité des médecins en cas de mort des patients.
        1. l’ancêtre du médecin légiste doit déterminer si le patient est mort naturellement ou suite à l’incompétence de son médecin…
      2. Jules César accorde la citoyenneté aux médecins.
      3. L’Empereur Auguste ( -63 av. J.-C.14 ap J.-C.) incopore des médecins à toutes les formations militaires avec une hiérarchie très précise.
        1. Ces médecins doivent s’engager pour 16 ans.
      4. L’empereur Julien (331361) exige que les médecins soient reconnus par une assemblée de médecins. Les médecins se regroupent alors en collèges.
  • Le personnel soignant.
    1. Capsarius.
    2. Discentes capsariorum.
    3. Marsus.
  • Le personnel administratif.
    1. Librarius.
    2. Pequarius.
    3. Seplasiarus.
  • La direction.
    1. Praefectus castrorum.
    2. Option ualuetudinarii.
    3. Optio conualescentium.

 

Plaque en marbre de Minucia Astte, Medica, Femme Médecin © Musée gallo-romain de Lyon – PV 13

 

Femmes médecins et personnel soignant
  • Medicae. Femmes romaines Médecins.
    1. 1er s. Seul portrait connu de medica conservé sur une stèle funéraire de Metz. Son nom n’est malheureusement pas identifiable.
    2. 4e s. Des inscriptions funéraires de medicae se multiplient.
      1. Ce fait est à rapprocher des actions de l’empereur chrétien  Constantin.
    3. v. 400. Selon Celius Aurélien, l’institution de femmes médecins serait fortement liée au souci de respecter la pudeur féminine.
    4. Plusieurs références textuelles décrivent des actions médicales de femmes.
      1. Composition de recettes et rédaction de traités.
      2. Gynécologie.
      3. Pédiatrie.
      4. Sage-femme (maia).
      5. Médecins. ex. Iulia Saturnina, medica optima de Mérida (Espagne)…
      6. Certaines femmes médecins avaient un statut social élevé et d’importants revenus.
        1. Ex. Metilia Donata, medica qui offre à Lugdunum/Lyon, un monument public imposant.
        2. Ex. Antonia Artemeis, médecin  et son époux Antonius Chariton avec leurs 6 enfants et leurs 14 enfants adoptés (Asie Mineure).
    5. L’archéologie indiquerait que les femmes auraient soigné les hommes.
    6. On trouve de nombreuses références à des couples de médecins.
    7. Rappelons qu’Artémis est la patronne des femmes enceintes et des accouchements.

 

Origines des médecins et Etudes de Médecine
  • Le médecin de la Rome antique n’est pas, à priori, un citoyen.
    1. Liée à l’arrivée de Grecs, la population de médecins est avant tout composée d’esclaves, d’affranchis et d’étrangers.
  • Les grandes familles de Rome ont un médecin particulier.
  • Ceux qui n’appartiennent pas aux grandes familles font appel aux praticiens installés en cabinet ou ambulants (circulatores).

 

Pharmacopée et Massages Romains


 

Remèdes
  • Le médecin fabrique ses remèdes, principalement à base de plantes.
    1. La’rt de la diététique est l’un des piliers de la médecine antique.
    2. Les Grecs et les Romains attribuent aux plantes, légumes, fruits des qualités : échauffante – asséchante – humidifiante – resserrante – relâchante.
  • Les pharmaciens (seplariarii) vendent des préparations, des drogues, des teintures, des parfums…
  • Les herboristes (herbarii) récoltent et vendent les simples.
  • L’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, naturaliste romain du 1er s. fait l’inventaire des pratiques.
  • Les arômes avec des inhalations et fumigations sont largement utilisés.
  • Les épices, notamment importées par la Route de la Soie entrent dans de nombreuses préparations.
  • Bref abécédaire végétal antique :
    1. aneth, centaurée, coriande, fenugrec, fèves, figues, jusquiame, lentilles, millepertuis, noisettes, pêches, pois, serpolet, verveine officinale…

 

Massages
  • Asclépiade doit largement son autorité à Rome à sa pratique des massages.
    1. On prête à Asclépiade la « résurrection » d’un citoyen romain conduit à sa tombe par des massages et manipulations.
  • Des onguents à base de plantes sont nombreux et largement diffusés.

 

Chirurgie Romaine


 

Aperçu des instruments de la médecine et de la chirurgie romaines.

 

  • Les médecins grecs voeint leurs connaissances limitées par l’interdiction religieuse de l’étude anatomique des cadavres humains.
  • Galien est considéré comme l’un des pères majeurs de la chirurgie romaine.
    1. Découverte de la circulation du sang dans les artères et les veines.
    2. Démonstration du fonctionnement du cœur comme une pompe…
Très importante palette d’outils au service de la chirurgie et de la médecine romaine
  • Balsamaires.
  • Cathéters.
  • Collyres.
  • Crochets pour retirer la cataracte.
  • Ex-Voto anatomiques.
  • Forceps.
  • Foreuses à os.
  • Scalpels.
  • Sondes.
  • Spéculums pour écarter les tissus…

 

Maîtrise de techniques majeures
  • Saignées.
  • Opération de calculs, hernies…
  • Césariennes et trépanations…
  • Maîtrise de l’anesthésie avec utilisation de morphine, de suc de mandragore, de scopolamine…

 

Le vocabulaire de la médecine et de l’anatomie fait largement appel à la langue grecque et à la langue latine
  • Ango (étranglement) qui donne angine.
  • Femur qui désigne la cuisse.
  • Tibia qui signifie jambe

 

Questions importantes liées à la pensée de la Santé à Rome


 

  • Explication par les Romains du fonctionnement des corps par des humeurs : bile jaune, bile noire, phlegme, sang dont les déséquilibres entraînent abcès, fièvres, tumeurs…
  • Principe de conservation d’une bonne santé par une alimentation équilibrée, des remèdes à base de plantes et de fruits…. des massages.
  • Penser le corps comme un tout.
  • Soigner les personnes replacées dans leur histoire familiale et leur environnement.
  • Rapports médecin-patient placés sous le thème medicus-amicus, fondant la relation personnelle comme un gage de l’efficacité d’un traitement.
  • Compensation de l’absence d’anesthésie élaborée, d’asepsie et d’antibiotique par une très grande inventivité dans les instruments et les techniques.
  • Question des tuyaux de plomb longtemps accusés (vraisemblablement à tord) du saturnisme et de la décadence de l’Empire Romain.
  • Pilules pouvant contenir des légumes : chou, oignon, poireau…

 

Sites remarquables


 

  • La Maison du Chirurgien de la Piazza Ferrari de Rimini.
  • La Maison d’Apolline. Naples. Musée archéologique national.
  • La Maison d’Acceptus et d’Eubodia.

 

Livres et Publications Médecine et Hygiène dans l’Antiquité romaine


 

2019. Atlas de la Rome Antique. A la découverte de l’histoire.

2011. Septembre-Octobre. La Médecine à l’époque romaine. L’Archéo-thema.

2009Méditerranée Siècle Après Siècle.  An 1Patrick VerlindenEditions 7 Collines.

26-siècles-de-musique-B

1999Vingt-Six siècles de Médecine à MarseilleGeorges Serratrice. Editions Jeanne Laffitte.

 

2010. Les médecins dans l’Occident Romain. Rémy Bernard et Patrice Faure. Bordeaux. Editions Ausaunius.

2008. La Médecine dans l’antiquité grecque et romaine. Helen King et Véronique Dasen. Lausanne. Editions BHMS.

2005. Soigner et servir.  Histoire sociale et culturelle de la médecine grecque à l’époque hellénistique. Paris. De Boccard.

 

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