Blockchains : se passer des tiers de confiance


Blockchains : (re) construire des nations virtuelles © Gerd Altman – Pixabay.com

 

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Blockchain : se passer des tiers de confiance


 

  • Les blockchains ou chaînes de blocs sont des technologies de stockage et de transmission d’informations sans autorité centrale.
    1. Les autorités centrales sont les Nations, les banques, les administrations…
  • Le mot clé du système est la Confiance (manque de confiance dans les « autorités).

 

Objectifs et Définitions des Blockchains


 

Objectifs des blockchains

  • Se passer d’un tiers de confiance (Etat, institution, banque, cours de Justice…).
  • Eviter les usines à gaz administratives.

 

Définition des blockchains

  • Registre distribué et sécurisé de toutes les transactions effectuées depuis le démarrage du système réparti.

 

Fonctionnement des blockchains


 

© Gerd Altman – Pixabay.com

 

  •  La blockchain se présente comme une base de données distribuée.
    1. Ses informations sont envoyées par les utilisateurs.
    2. Des liens internes à la base sont vérifiés et groupés à intervalles de temps réguliers en blocs qui forment une chaîne.
    3. L’ensemble est sécurisé par cryptographie.
    4. Ainsi, une chaîne de blocs devient une base de données distribuée qui autogère une liste d’enregistrements protégés contre la falsification ou la modification par les nœuds de stockage.
    5.  L’ensemble est sécurisé par cryptographie.
      1. Double protection contre la falsification ou la modification par des nœuds de stockage.
      2.  Avec la technologie blockchain, le tiers de confiance devient le système lui-même : chaque élément réparti de la blockchain contient les éléments ngarantissant l’intégrité des données échangées (par un algorithme cryptographique).
    6. Une blockchain est fondamentalement une base de données partagée, c’est pourquoi elle est également connue sous le nom de grand livre distribué.
  • La blockchain fonctionne un peu comme internet.
    1. Des technologies emploient des protocoles informatiques liés à une infrastructure décentralisée.
    2. Internet permet de transférer des paquets de données d’un serveur réputé sûr à des destinataires distants.
      1. Charge aux destinataires de vérifier l’intégrité des données transmises alors qu’une blockchain permet à la confiance de s’établir entre des agents distincts du système.
      2. Avec la technologie blockchain, le tiers de confiance devient le système lui-même : chaque élément réparti de la blockchain contient les éléments nécessaires pour garantir l’intégrité des données échangées (par un algorithme cryptographique).
    3. La blockchain est ainsi un lieu d’échanges économiques dans lequel tous les membres du réseau sont témoins.
      1. Des contrats indépendants peuvent se déclencher automatiquement lorsque les conditions prédéfinies sont remplies.
    4. Une blockchain se présente comme des « petites bulles » ou des « petites boîtes » indépendantes pouvant définir leurs propres règles sans besoin d’un géant pour assurer leur survie.
  • Facteurs clés des Blockchains.
    1. Infaillibilité des données enregistrées sur la blockchain.
  • Normalisation Iso.
    1. Certains standards ont été définis.
      1. ISO 22739:2020 : Chaîne de blocs et technologies de registres distribués — Vocabulaire (Blockchain and distributed ledger technologies — Vocabulary)
      2. ISO/TR 23244:2020 : Blockchain and distributed ledger technologies — Privacy and personally identifiable information protection considerations
      3. ISO/TR 23455:2019 : Blockchain and distributed ledger technologies — Overview of and interactions between smart contracts in blockchain and distributed ledger technology systems
      4. ISO/TR 23576:2020 : Blockchain and distributed ledger technologies — Security management of digital asset custodians

 

Histoire des Blockchains


 

  • 1991. Stuart Haber et W. Scott Sornetta réalisent la première étude sur les chaînes de blocs cryptographiquement sécurisées.
    1. Leur objectif était de mettre en application un système où les documents horodatés ne pourraient pas être falsifiés ou antidatés.
  • 1992. Bayer, Haber et Stornetta incorporent le concept d’arbre de Merkle au système, améliorant ainsi son efficacité en permettant à plusieurs documents d’être assemblés en un seul bloc.
  • 1995. Le premier système décentralisé de certification serait celui de la société Surety, qui publie chaque semaine depuis 1995 un certificat cryptographique de sa base de données dans la rubrique « Annonces et objets trouvés« .
  • 2008. Première chaîne de blocs appliquée à une crypto-monnaie conceptualisée par une personne (ou une équipe) connue sous le nom de Satoshi Nakamoto.
  • 2009. Nakamoto développe la crypto-monnaie en tant que composant principal du bitcoin, où elle sert de registre public à toutes les transactions sur le réseau.
  • Depuis, de nombreuse monnaies virtuelles et de cryptomonnaies utilisent les chaînes de blocs pour leur sécurité.
    • Les transactions sur une chaîne de blocs sont pratiquement impossibles à annuler parce que les chaînes de blocs sont résistantes aux changements.

 

Blockchains et Bitcoins

 

Bitcoin – Recherche graphique © Pete Linforth – The Digital Artist – Pixabay.com

 

  • Après 2008, la blockchain et les cryptomonnaies qui en dépendent sont souvent présentées comme une source presque miraculeuse d’enrichissement,
    1. La crise boursière de 2008 alimente les intérêts pour le bitcoin.
    2. Un grand nombre d’entreprises se sont alors rebaptisées en intégrant le mot blockchain ou bitcoin » dans leur nouveau nom.
      1. Cette procédure a été jugée illégale dans certains pays, dont les États-Unis car pouvant s’apparenter à de la désinformation et à de la publicité mensongère.
  • 2019. Août. Une étude, publiée dans Economics Letters montre que ces entreprises y gagnent significativement en notoriété ou valeur durant 2 mois, mais que cet effet s’estompe et s’inverse ensuite en effet négatif (dans les 5 mois après le changement).
    1. Les auteurs invitent les investisseurs à être prudents à l’égard d’entreprises changeant de nom avant d’investir réellement dans la blockchain, ces changements de nom, de façade, étant généralement uniquement destinés à profiter de l’hystérie entourant la hausse des prix du bitcoin.
  • Le Bitcoin a été positionné comme un système de paiement électronique irréversible, infalsifiable, décentralisé, anonymisé, participatif, appuyé sur une infrastructure mutualiste, autogéré, insensible aux frontières, aux attaques numériques et résilient (car décentralisé et redondant). Il s’agissait d’être indépendant des banques, des banques centrales, des États ou de groupes de pression ou d’autres tiers.
    1. Satoshi Nakamoto (inventeur supposé du Bitcoin) a voulu sécurisé sa blockchain par la preuve de travail.
      1. Le chercheur s’est alors soumis à une ressource externe qu’il ne pouvait contrôler : l’électricité.
      2. Le problème est que cette ressource est inégalement répartie dans le Monde et soumise à des aléas, qui a un coût et une disponibilité limitée, et que le minage transforme essentiellement en chaleur, qui peut toutefois être réutilisée.

 

Questions juridiques liées aux blockchains

  • La chaîne de blocs pose des questions d’ordre juridique :  droit de la concurrence, droit à la vie privée, droit de la propriété intellectuelle, le droit du contrat ainsi que la gouvernance de la chaîne.

 

Nations virtuelles


 

  • Les Nations et les Gouvernements sont regardés par les libertariens comme les ennemis désignés que les certains adeptes des blockchains.
    1. Dans une certaine mesure, les blockchains pourraient marquer la fin des gouvernements et des banques centrales financés par l’impôt auquel échappent les cryptomonnaies.
  • Les blockchains et les cryptomonnaies pourraient à leur tour créer des Nations sans liens à une terre, des Nations-Blockchains.
    1. Le témoignage de la toile remplacerait alors le lien de confiance à une Nation.
    2. Chacun déciderait de ne plus rattacher une propriété privée à telle ou telle Nation.
  • Les notions de frontières et d’espace disparaîtraient.
  • Ce système marquerait la fin des banques, des bureaux de brevets, des sociétés de gens de lettres, des majorités… qui seraient remplacés par une assemblée de témoins numériques.
  • Une cour tierce prédéfinie jugerait les cas de litiges au travers d’un écosystème de blockchains communicantes…
  • Menace sur les Etats qui n’existent que par le sang des impôts.

 

Applications de blockchains


 

© Mohamed Hassan – Pixabay.com

 

Applications civiles

  • Gérer simplement la comptabilité des administrations.
  • Organiser des échanges économiques qui échappent aux Etats.
  • Pouvoir exercer du tapage nocturne serait d’acheter du silence à celui qui en serait privé dans un cadre fixé (prix, durée, délais…).
    1. Eviter les délais, les pertes de temps….
    2. Eviter les « délicatesses diplomatiques » et les compromis administrés par des tiers qui ne sont pas nécessairement neutres ou indépendants…
  • Villes durables et Smartcity.
    1. Les Smartcities sont souvent associées aux blockchains.
      1. Gestion des flux et des factures d’énergie et notamment des énergies intermittentes renouvelables (solaire, éolien…).
      2. Des cryptomonnaies telles que SolarCoin, Gruenstromjeton, NRGCoin.
      3. 2017Wien Energie, le service énergie de la ville de Vienne, teste une blockchain pour gérer les échange d’énergie sur le marché.

 

Applications militaires

  • Sécuriser des chaînes de commandement, par exemple pour le lancement de missiles.
  • Construire une blockchain autour des intérêts de la Défense nationale.

 

Exemples d’applications en France


 

  • 2015. Décembre. La Caisse des Dépôts et Consignations lance une initiative avec de grands acteurs financiers, institutionnels et start-ups du secteur parmi lesquels Allianz, Axa, Blockchain Solutions, BNP Paribas, BPCE, Crédit agricoleCNP Assurances, Croissance Plus, Ledger et  Paymium afin de  tester des cas d’usage.
  • 2016. 29 mars. Le Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique annoncé le une adaptation de la réglementation de la chaîne de blocs au marché des bons de caisse.
  • 2016. Juin. Plusieurs députés français proposent 2 deux amendements faisant référence à la chaîne de blocs auprès du Parlement français, dans le cadre de la Loi Sapin sur la transparence financière et la lutte contre la corruption mais ils sont rejetés. Le gouvernement lui-même dépose un amendement relatif aux titres non cotés qui est, lui, accepté.
  • 2017. Le Conseil des Ministres adopte une ordonnance facilitant la transmission de certains titres financiers non cotés au moyen de la technologie de la chaîne de blocs, une première en Europe selon Bercy. La modification du code monétaire et financier ouvre la possibilité d’une sécurisation juridique du développement de la technologie et de l’usage de la chaîne de bloc sous la dénomination « dispositif d’enregistrement électronique partagé ».
  • Début 2018L’Assemblée nationale crée une mission d’information sur la chaîne de blocs, regroupant 17 députés (LREM pour la plupart) venant de 3 commissions permanentes (affaires économiques, lois et finances) ; le président en est Julien Aubert, Jean-Michel Mis et Laure de la Raudière sont co-rapporteurs.
    1. Cette mission bénéficie est appuyée par l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui constitue une mission courte sur les enjeux scientifiques et technologiques des chaînes de blocs dont les rapporteurs sont les députés Valéria Faure-Muntian (LREM) et Claude de Ganay (LR), et le sénateur Ronan Le Gleut (LR).
    2. Un des aboutissements de ces missions parlementaires est le projet de loi PACTE incluant des dispositions relatives à la blockchain, texte voté en première lecture par l’Assemblée Nationale le  et transmis au Sénat.
  • 2018. Septembre. L’artiste Richard Texier crée la première œuvre d’art adossée à une chaîne de blocs.
    1. Pour la première fois depuis l’invention du système, Elastochain code un concept artistique (lElastogenèse) sur Ethereum, dans l’intention d’unir art et technologie.
  • ‘Institut d’études indépendant Odoxa réalise un sondage au sujet de la vision de la blockchain par un échantillon de 1 018 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
    1. 74 % des répondants ont indiqué qu’ils n’avaient jamais entendu parler de la blockchain.
    2. 67 % des sondés se montrent méfiants à l’égard de la technologie qui a convaincu 13 % des répondants.

 

Livres et Publications liés aux Blockchains


 

2022. Oct-Nov. DiplomatieLes grands dossiers N°70.

 

2021. Blockchain : bulle ou révolution ? Quel avenir pour le Bitcoin et les cryptomonnaies ? Parth Detroja. Aditya Agashe, Neel Mehta. Bernard Desgraupes (Traduction). Editions  De Boeck Sup.

 

2017. Blockchain. La révolution de la confiance. Laurent Leloup. Editions Eyrolles.

 

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